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Mundo Members' Voices : LOCO

2000 tonnes d'invendus alimentaires. C'est ce que le réseau LOCO a récolté et redistribué depuis 2021 pour l'ensemble de Bruxelles-Capitale. Une belle victoire qui, pour autant, rend compte de la quantité astronomique de nourriture qui aurait été gaspillée sans l'intervention de l'asbl. Comment composer avec les surplus alimentaires tout en cherchant des solutions à la racine de la production ? Notre nouvelle organisation-locataire, LOCO, a fait de ces questions une priorité quotidienne. Maud, responsable logistique, et Thomas, coordinateur de l'association, nous ont fait le plaisir de répondre à nos questions dans leur nouveau bureau à Mundo-b (nouvellement renommé Mundo Matonge).  

Qu'est-ce qui vous a amené chez LOCO ?

Thomas : J'ai tout de suite été interpellé par ce projet car il combine la logistique et l'aspect social et environnemental. L'impact est double, et je suis heureux de pouvoir utiliser mes compétences logistiques pour contribuer à cet impact, à aider les gens.

Maud : C'est motivant parce que la mission de LOCO, c'est de soutenir le secteur de l'aide alimentaire d'un point de vue logistique, ce qui est très concret, pour répondre à un besoin lui aussi très réel. J'aime aussi beaucoup travailler sur la question de l'anti-gaspillage au service du changement social.

Quelle est la situation actuelle ?

Thomas : La situation était déjà très difficile avant le covid, mais après la pandémie, la précarité a littéralement explosé. La crise économique, la situation de guerre en Europe, la crise migratoire, la crise en approvisionnement énergétique ça fragilise les populations qui avaient déjà du mal de joindre les deux bouts, mais on voit aussi une extension des difficultés vers d'autres publics. Aussi, les femmes isolées et les femmes avec enfants font souvent partie des groupes sociaux ayant recours à l'aide alimentaire.

C'est fou car nous sommes dans un des pays les plus riches de la planète en termes d'indicateurs de PIB et de développement humain, avec une proportion énorme de gens qui ont faim et qui ne savent ni se loger ni se nourrir. En parallèle, des magasins jettent une quantité incalculable de nourriture à la poubelle.  Cette nourriture a couté de l'argent et des ressources naturelles pour être produite, émis du CO2 lors de sa transformation, du transport vers les magasins, de son stockage dans les frigos. Et quand on la jette, elle émet encore du CO² pour le transport jusque la déchetterie. Bref, tout au long de la chaine, l'impact écologique est énorme, tout ça pour que 40% de la production finisse à la poubelle avant d'arriver chez le consommateur.

Partant de ce constat, comment est né LOCO ?

Maud : L'association existe depuis 2021, c'est relativement récent, mais il y avait déjà une volonté de partenariat dans le réseau depuis 2017. LOCO est en fait composée de 8 associations qui sont elles-mêmes déjà de grosses structures regroupant plus ou moins 130 organisations.

Thomas : Leur but est de mutualiser leurs ressources tant d'un point de vue matériel que d'un point de vue partage de bonnes pratiques, pour augmenter ou améliorer la récupération, le transport, le stockage et la redistribution des invendus.

Qu'est-ce qui se passe sur le terrain ?

Thomas : D'abord, l'enjeu est de récolter les invendus et donc de faire des tournées en camionnettes dans Bruxelles, mais aussi veiller à avoir des chambres froides pour stocker la nourriture, être conformes aux normes de l'AFSCA, tout en se rendant bien compte que la complexité réside dans le fait qu'il y a énormément d'acteurs différents sur le terrain. On a des acteurs tantôt publics tantôt associatifs qui font la tournée des magasins et supermarchés, mais tous n'ont pas les mêmes enjeux. Par exemple, l'un va vouloir trouver du bio et du local, l'autre va chercher à obtenir de grosses quantités, etc.

Au-delà de la récolte, on s'occupe aussi dorganiser des groupes de réflexions entre les intervenants pour partager les bonnes pratiques et voir ce qui fonctionne chez l'un lautre. Finalement, cest pour ça que ça que le réseau s'est formé en asbl, pour créer progressivement des projets qui vont améliorer la collecte et la redistribution. Quelle stratégie mettre en place pour récupérer plus d'invendus tout en réduisant le gaspillage, comment diminuer les émissions de CO2, plein de questions qui ne se règlent pas d'un claquement de doigts.

Qu'est-ce qui vous rend unique ?

Maud : Notre finalité est avant tout sociale, ce qui nous préoccupe avant toute chose, ce sont les bénéficiaires, les gens qui sont sur le terrain. On vient tous les deux du secteur associatif et tous les membres du conseil dadministration sont des gens qui bossent dans le social et qui ont cette mission à cur.

Thomas :  C'est facile de détecter les opportunités commerciales qui existent dans le secteur, mais on nest pas là pour ça. On a forcément un modèle d'affaire pour pouvoir développer nos projets mais l'objectif ultime n'est pas de faire du profit, l'objectif ultime cest d'arrêter le problème de la faim à Bruxelles.

L'un des objectifs de Mundo-Lab c'est de regrouper les acteur.ices du changement sous un même toit pour créer des synergies. Comment cela vous parle ?

Thomas : C'est totalement en accord avec nos principes, c'est un des moteurs de nos groupes de réflexions. La collaboration c'est essentiel, pour être plus crédible dans le secteur, pour avoir plus de poids au niveau politique et visibilité. Se regrouper, se mettre autour d'une table pour les créer des échanges, c'est déjà une réussite en soi car ça veut dire que de la prise de conscience, on passe à l'action. On arrête d'agir en tir dispersé et on constitue un front commun. Parfois, on na pas la clé de ses propres problèmes mais on a peut-être celle des autres.